The Reef est un film d'horreur/thriller australien sorti en 2010 inspiré de faits réels.
Avec un budget de 3,5 millions de dollars et une durée de 1h30, il a été présenté dans plusieurs festivals comme celui de Cannes ou de Canberra, où il a remporté un prix.
Ce film est (à titre personnel) le meilleur film d'horreur contemporain sur le thème des requins.
Vient alors la décision cruciale que chacun se poserait ; rester sur le bateau à moitié immergé ou tenter sa chance à la nage ? A part Warren le solidaire, tout le monde opte pour l'option numéro 2 en faisant confiance au soi-disant expert maritime, qui promet qu'ils peuvent atteindre une terre pas trop loin en quelques heures...
Spoiler Alert !Malheureusement pour eux, ils vont croiser sur leur chemin un grand blanc assez territorial qui va se faire une joie de les déguster un par un. Ainsi, si le film démarre avec une atmosphère assez décontractée (petites blagues, romance, coucher de soleil blablabla...) ce dernier prend une tournure lente et angoissante avec le début des difficultés (une utilisation assez correcte de la suggestion, avec une apparition d'éléments étranges qui renforcent l'impression qu'une saloperie va arriver promptement, entre les visions sous-marines, les vagues suspectes à la surface et la tortue démembrée), et même si les actions sont assez répétitives (le requin arrive, on a peur, il se rapproche, on panique, il bouffe quelqu'un, on crie, il repart, on continue, il revient et ça recommence) elles se déroulent de façon suffisamment rapides pour qu'on ait pas le temps de s'emmerder. Si la fin peut paraître un peu trop surfaite avec le sacrifice du héros pour sauver sa dulcinée, il y a suffisamment de suspense et de sang pour qu'on apprécie le visionnage !
Réalisation : L'on retrouve dans la mise en scène quelques similitudes avec Black Water (réalisé par la même personne, Andrew Traucki) qui présente le même genre de prédateur, personnifié en un crocodile sanguinaire.
Toutefois, The Reef va plus loin que son homologue reptilien avec notamment une réalisation très efficace par l'utilisation de décors naturels et surtout de vrais squales (ça fait tout de même plaisir de pouvoir contempler un véritable requin qui ne soit pas créé avec un logiciel équivalent à Photoshop !) qui augmentent donc l'effet saisissant des scènes de plans rapprochés sur le requin en question.
Deuxième avantage, le synopsis se base sur un requin certes agressif (il fallait bien qu'il y ait des morts) mais de taille raisonnable, ce qui est plutôt rare dans les films d'horreur basés sur des requins (entre le célèbre Jaws avec son grand blanc de 7 mètres et toutes les bouses de style MegaShark vs croisement d'animaux improbables, sans oublier Megalodon avec son requin de 25 mètres) ; The Reef prouve donc qu'on a pas besoin de requin géant ou complètement barge pour obtenir un résultat angoissant et satisfaisant.
Les plans de caméras sont assez variés, alternant plans larges pour renforcer le sentiment de solitude et plans rapprochés qui distillent une tension croissante au fur et à mesure que le requin se remplit le bide. Les plans de caméras sous-marins, lorsque le personnage principal regarde dans l'eau avec son masque (assez innovants dans ce genre de film) sont particulièrement efficaces pour angoisser le spectateur qui ressent une proximité avec les protagonistes, comme s'il était dans l'eau avec eux, guettant le moindre signe suspect dans les abysses, et cherchant à ne pas perdre de vue le requin qui leur tourne autour. Les attaques de ce dernier sont peu nombreuses mais très efficaces, avec des plans brouillés qui traduisent l'impuissance complète des personnages face à cette machine à tuer.
Bande-son : Les musiques sont bien angoissantes et en accord avec l'action, lentes pendant l'odyssée des personnages avec de brusques accélérations lorsque le requin attaque. Tout dans l'ambiance musicale suggère un jeu du chat et de la souris, avec un chat qui s'amuse à rendre folles les 4 petites souris qui impuissantes, se font massacrer.
Jeu des acteurs/Personnages : Ce qu'on peut dire sur les personnages, c'est qu'à part Warren la baltringue (j'aurais fais la même chose que lui) tous les personnages en ont dans le pantalon, parce que se taper un road trip en plein océan en faisant confiance à un supposé expert qui se base sur sa montre et sur un courant pour se diriger, avec un fumier de Warren qui précise bien que le coin est infesté de bestiaux avec des dents, bah il faut avoir des cojones pour le tenter !
On pourra également noter le sang-froid dont font preuve les personnages face au requin (même s'il y a quelques cris, ils restent globalement assez calmes ; personnellement après avoir vu un de mes potes se faire mâchouiller par un grand blanc à 1 mètre de moi je me noie suite à un arrêt cardiaque), même s'il faut signaler à regret 2 ou 3 actions à la con, typiques des films d'horreur (se couper le pied alors qu'on est déjà poursuivi par un requin n'est pas une bonne idée, comme aller récupérer sa planche tout seul sans prévenir personne).
Les acteurs sont assez convaincants sans être exceptionnels, suffisamment pour mériter un peu d'empathie (et j'en donne pas souvent, la plupart du temps devant l’imbécillité des personnages des films d'horreur je me range du côté du méchant). Quant au requin, celui-ci est assez réaliste par son comportement, préférant la prudence et tournant autour des personnages plutôt que de se lancer dans le tas comme tout bon monstre de The Asylum ferait... On remerciera tout de même le "chef improvisé" du groupe qui arrive à maintenir une solidarité et un moral minimum dans le groupe (et aussi parce que sans son idée de faire un road trip maritime, y'aurait pas eu de massacre et on se serait fait chier pendant 1h30 à observer 5 gonzes sur un bateau qui flotte).
Conclusion : Malgré quelques petites imperfections, The Reef reste un film très convaincant par son angoisse et son réalisme (et surtout avec un budget aussi modéré) et parvient à nous procurer des frissons biens réels ; le genre de film qui vous fais réfléchir à deux fois avant d'aller vous baigner en pleine mer, ou encore mieux d'aller faire une croisière sur un voilier corailophobe. Beaucoup moins ennuyeux qu'un Open Water et plus probable qu'un Peur Bleue, The Reef arrive sans peine à se hisser parmi les meilleurs films de requins ; mais bon entre des Sharktopus, des MegaShark vs Ornithorynque et des attaques de requin numérique à deux têtes, c'était déjà joué d'avance...